Avortement : un sujet particulièrement sensible aux Etats-Unis

Publié le 9 Mar, 2006

L‘initiative prise par le Dakota du Sud (cf revue de presse du 08/03/06) intensifie aux Etats-Unis le débat sur l’avortement.

Les démocrates ont accueilli avec un silence gêné cette nouvelle loi. Ils fuient en effet tous les sujets liés à la "guerre culturelle" comme les droits des gays, la séparation de l’Église et de l’État ou l’avortement. Pour eux, c’est sur ces thèmes qu’ils ont perdu les élections dans les états politiquement cruciaux. Aujourd’hui, ils redoutent que ce débat interfère sur les élections présidentielles de 2008.

Le sujet étant particulièrement sensible, aucun des candidats démocrates potentiels à la Maison Blanche ne défend ce droit. John Kerry adversaire de Bush en 2004 a même parrainé un projet de loi autorisant les pharmaciens à refuser de vendre la pilule du lendemain. De son côté Hillary Clinton a qualifié l’avortement de "choix stratégique pour beaucoup de femmes…"

La décision du Dakota  du Sud ne correspond pas à l’approche choisie par les dirigeants républicains. A l’attaque frontale, ils préfèrent adopter la "stratégie du salami" explique Michael Lind, politologue. Selon lui,la Cour ne devrait pas renier le décret "Roe contre Wade" mais pourrait laisser chaque État interdire l’avortement en fixant sa propre législation. 

L‘interdiction de l’avortement a toujours été aux Etats-Unis le combat de la "droite chrétienne" et l’un des succès électoraux des conservateurs. Depuis 1973, l’avortement n’a cessé d’être combattu. Quand des cliniques spécialisées se sont ouvertes, des militants anti-IVG se sont par exemple enchaînés devant les cliniques pour faire "un blocus humain" reprenant ainsi les méthodes des mouvements contre la ségrégation des noirs.

Des états ont interdit l’avortement quand "le foetus est viable". D’autres ont introduit des contrôles et autorisations pour rendre les procédures plus difficiles. Une loi promulguée sous Bush en 2004 rappelait que "le fœtus est une personne", dénonçant ainsi l’assassinat d’une femme enceinte comme un double meurtre.

Les avortements sont moins remboursés et on trouve aussi moins de cliniques pratiquant des IVG. Dans certains états les médecins doivent montrer aux femmes une échographie de l’embryon pour les décourager d’avorter. Enfin, le Mississipi a déjà voté en première instance une loi similaire à celle du Dakota du Sud.

Libération (Annette Lévy-Willard) 09/03/06

Partager cet article

Synthèses de presse

« Aide à mourir » : les pharmaciens et les établissements exclus de la clause de conscience
/ Fin de vie

« Aide à mourir » : les pharmaciens et les établissements exclus de la clause de conscience

Le projet de loi relatif à l’« aide à mourir » dispose que « le pharmacien ne peut bénéficier d’une ...
Fin de vie : l'Ecosse en marche vers la légalisation de « l’aide à mourir » ?
/ Fin de vie

Fin de vie : l’Ecosse en marche vers la légalisation de « l’aide à mourir » ?

Le 28 mars, un projet de loi visant à légaliser l'« aide à mourir » a été présenté au Parlement ...
30_fiv
/ PMA-GPA

Embryons congelés : détruire pour ne pas payer

Alors qu’aux Etats-Unis, le coût de la conservation des embryons congelés ne cesse d’augmenter, certains choisissent de les détruire plutôt ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres