Avortement : l’avocat Chen Guangcheng harcelé par les autorités chinoises

Publié le 20 Déc, 2010

L’avocat aveugle chinois Chen Guangcheng, emprisonné en mars 2006 après avoir dénoncé les avortements forcés pratiqués par les autorités chinoises et relâché le 9 septembre 2010 (cf. Synthèse de presse du 14/09/10) reste l’objet de harcèlement et d’isolement total de la part des autorités chinoises.

Dongshigu, le village dans lequel il habite, a été transformé en véritable prison, et nul ne peut y entrer ni communiquer avec ses habitants. L’antenne de téléphonie mobile a été débranchée, six caméras de surveillance placées dans le périmètre et une quarantaine de soldats barrent l’accès au village et fouillent tous les résidents qui passent leurs barrages.

"Ce groupe d’hommes nous terrorise tous. Mais il a été envoyé par le comité du Parti de la province, alors on n’y peut rien", confie une paysanne à l’envoyé spécial de Libération, chassé à coups de poings par les sentinelles. "Rien dans la loi chinoise n’autorise ce genre de comportement", affirme également un avocat de Pékin. Seul un parent âgé du couple Chen est autorisé à sortir sous escorte faire quelques courses. Leur jeune fils, Kerui, serait interdit d’école.

Fils de paysans autodidacte, Chen Guangcheng avait intenté une action devant un tribunal contre les autorités de la ville du Linyi : il y dénonçait les avortements et stérilisation forcés imposés par les officiels chargés d’appliquer la "politique de l’enfant unique". Selon les documents et témoignages recueillis par Chen Guangcheng, environ 7000 femmes auraient avorté sous contrainte en quelques années dans le district de Linyi. Des groupes officiels organisés comme des commandos surgissent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit chez les femmes attendant un enfant "hors quota" et les font avorter en injectant dans l’utérus de la mère à l’aide d’une longue seringue un produit létal qui les fait accoucher d’un enfant mort-né 24h plus tard. Ces groupes interviennent parfois jusqu’au 8ème mois de la grossesse. Pour contraindre les femmes enceintes à capituler, les cadres locaux vont jusqu’à prendre des membres de leur famille en otage et à les torturer, ne reculant "devant rien pour remplir les quotas d’interruption de grossesse dont dépendent leur promotion et leur salaire". Officiellement, la politique de l’enfant unique autorise l’avortement "par consentement".

Arrêté en 2006, Chen Guangcheng avait été condamné à 4 ans et 3 mois de prison après un procès de trente minutes. Ses avocats avaient été mis hors d’état de plaider. Il a été l’objet de mauvais traitements pendant toute sa détention, durant laquelle il reçoit le prix Magsaysay, équivalent asiatique du prix Nobel de la paix. Son épouse a été arrêtée à l’aéroport de Pékin et mise en résidence surveillée.

L’avocat américain Jérôme Cohen s’est insurgé contre cet acharnement illégal qui consiste "à faire garder quelqu’un en isolement, peut-être pour le reste de sa vie, par des voyous embauchés par le gouvernement".

Libération (Philippe Grangereau) 20/12/10

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