Avortement : la déferlante

Publié le 19 Fév, 2021

L’idéologie féministe s’acharne. En à peine quelques mois, leur let motiv qu’est l’avortement s’est immiscé sans scrupule dans plusieurs textes législatifs. Pour être sûrs que les revendications de la délégation au droit des femmes s’intègrent dans le droit français, les parlementaires féministes frappent tous azimuts : projet de loi bioéthique, projet de loi de financement de la sécurité sociale 2021 (PLFSS), loi sur le séparatisme, proposition de loi dédiée dite « loi Gaillot ».

Le projet de loi bioéthique

C’était la première offensive, lors des débats en 2ème lecture à l’assemblée nationale, la nuit du 30 juillet. Les parlementaires LREM, à la suite de Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation au droit des femmes, intègrent le motif de « détresse psycho sociale » à l’interruption médicale de grossesse. Si ce motif est honteusement flou, laissant béant l’accès à l’avortement tardif, le scandale réside à la fois dans la réalité à laquelle cela nous renvoie que dans le ton feutré des débats. En effet, le scandale premier réside dans le fait que cela fait 45 ans que la France accepte de supprimer un enfant jusqu’à la veille de la naissance pour raison dite « médicale ». La trisomie 21 étant par exemple l’un des motifs « d’interrompre la grossesse » jusqu’à 9 mois… L’autre scandale réside dans le fait que sous couvert de « droits des femmes » les débats sont biaisés, la réalité tronquée. Le ton des débats est presque feutré, pas une fois l’enfant en gestation n’est évoqué. En janvier, dans le huis clos de la commission spéciale, les sénateurs ont réussi à supprimer cette occurrence de détresse psycho sociale. Les sénateurs ont maintenu cette suppression en séance dans cette ambiance anesthésiée. La raison n’est pas glorieuse : cela se fait déjà, nul besoin de l’intégrer dans la loi.

La proposition de loi Gaillot

Deuxième offensive, au grand jour cette fois, le dépôt de la proposition de loi d’Albane Gaillot, non inscrite, visant à « renforcer le droit à l’avortement », en août 2020. Il s’agit du pot-pourri IVG de 2021. Cette proposition de loi intègre toutes les revendications de la délégation au droit des femmes : suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG, extension à 14 semaines, suppression du délai de 24h avant d’avorter, tiers payant généralisé, IVG chirurgicale pour les sages-femmes avec une meilleure rémunération, non délivrance de la pilule du lendemain assimilée à un « refus de soin », répertoire recensant les professionnels et établissements pratiquant l’IVG, rapport sur le délit d’entrave…Les dispositions pleuvent. Déposée en août 2020, adoptée en 1ère lecture à l’assemblée nationale en octobre, rejetée en force par le Sénat en janvier 2021, la navette parlementaire file avec la complicité des socialistes et des LREM. Heureusement quelques députés Les Républicains ont réussi courageusement à mettre le hola, en déposant plus de 400 amendements sur ce texte de trois articles, obligeant les socialistes à sortir ce texte de leur niche en février. La 2ème lecture de ce texte est reportée.

Le PLFSS 2021

Troisième offensive. Sans attendre l’adoption de la proposition de loi Gaillot, dont le calendrier était incertain, les parlementaires féministes ont intégré le tiers payant généralisé et l’expérimentation de l’IVG chirurgicales par les sages-femmes. Sans grand débat, le PLFSS 2021 rend l’avortement gratuit. La femme n’a pas à débourser un centime. L’avortement devient une sorte de prestation de service, indolore financièrement, presque un dû pour la femme. Il devient plus facile d’avorter que d’avoir des lunettes ou de se soigner les dents.

La loi sur le séparatisme 

Quatrième offensive, et surement pas la dernière : la prise en tenaille des associations pro-vie.

Marie-Pierre Rixain profite de la loi relative au respect des principes de la République pour intégrer une disposition sur l’IVG. Les associations ou fondations qui vivent de la générosité du public et qui se feraient condamner pour délit d’entrave à l’IVG auront en plus une sanction financière : leurs dons et legs ne seront plus soumis à avantage fiscal. Une double peine qui vise à tuer les associations pro-vie par le biais financier. Le parallèle fait entre l’éradication du djihadisme et l’éradication des anti-avortement est choquant, mais c’est bien ce qu’il y a en germe dans cette disposition.

Photo : iStock

Lucie Pacherie

Lucie Pacherie

Expert

Lucie Pacherie est titulaire du certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Elle s’est spécialisée en droit de la santé et responsabilité médicale et est juriste de la fondation Jérôme Lejeune depuis 2010. Elle est co-auteur du livre Les sacrifiés de la recherche publié en 2020.

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