En France, en 2005, sur 200 000 avortements, 10 000 ont été pratiqués à domicile. En constante progression, on compte, selon le ministère de la Santé, 1 500 avortements à domicile par mois en juin 2006 contre 1 000 en 2005. En 2001, les avortements médicamenteux représentaient plus de 30% des avortements contre 14% en 1990. Légalisée en 2001, cette méthode est remboursée à 70% par la Sécurité sociale. Pour Le Monde, elle est "le fruit des progrès de la médecine".
Destinée à encadrer les avortements "en ville", la circulaire de 2004, prévoit 5 consultations. Lors du troisième rendez-vous, la femme prend un comprimé qui bloque l’action de l’hormone nécessaire au maintien de la grossesse. Puis, lors de la quatrième consultation, la femme avale un cachet qui "provoque l’expulsion de l’oeuf".
Le quotidien cite en exemple le planning familial de Saint-Denis qui accueille une fois par semaine les femmes qui veulent avorter chez elles. Françoise Chadrin, la gynécologue qui les reçoit, déclare : "Pendant la prise du comprimé, j’ai toujours des mouchoirs à portée de main, car beaucoup de femmes pleurent. C’est souvent une étape difficile". Elle ajoute : "Je les rassure : un avortement, c’est toujours dur psychiquement, mais ça n’a jamais empêché une femme d’avoir plus tard un bébé".
Dans un bref interview, Philippe Faucher, gynécologue à l’hôpital Bichat, déconseille cette pratique, après en avoir énuméré les "avantages", aux femmes qui "avortent contre leur gré et qui ont beaucoup d’appréhension à l’idée de voir l’oeuf".
NDLR : Si l’avortement n’est que perdre un "oeuf", pourquoi tant de bruit autour de cette pratique ? Les femmes ne perdent-elles pas chaque mois un oeuf lors de leurs règles ? Dans l’avortement, "l’oeuf" est fécondé. S’il est d’une cellule, on parle de zygote. Si les auteurs veulent parler d’un "oeuf" fécondé de plusieurs cellules, il faut parler d’un embryon. Sinon, nous serions tous, toute notre vie, des "oeufs fécondés".
Le Monde (Anne Chemin) 09/09/06