Avant les débats au Sénat, les évêques font part de leurs inquiétudes

Publié le 14 Jan, 2020

« Aucun être humain ne peut en traiter un autre comme un objet. » A la veille de l’ouverture des débats au Sénat, dans un message publié le 13 janvier, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France a tenu à exprimer « son inquiétude devant le projet de révision des lois de bioéthique ».

 

Les évêques s’en tiennent à trois points particulièrement sensibles, qui pourraient engager « encore davantage notre société française dans des contradictions insolubles », porteurs « d’une grave méprise quant à ce qu’est l’éthique » et qui, maintenus, « seraient de l’ordre de l’insouciance pour l’avenir ».

 

« Soumettre, comme le veut la loi, l’engendrement par PMA d’un nouvel être humain à un ‘projet parental’ est discutable » (cf. Le projet parental légitime-t-il la venue de l’enfant ?) et, après s’être interrogés sur les conséquences d’une telle prise de position, les évêques rappellent que « le respect de l’enfant devrait être la considération première ».

 

Ils s’inquiètent que le recours à l’objection de conscience, des notaires par exemple, n’ait pas été prévu alors qu’avec « la légalisation de la filiation sans père ni ascendance paternelle et de la maternité par simple déclaration de volonté, devant le notaire, sans que la femme vive la gestation », « l’invraisemblable » semble être de mise (cf. « PMA pour toutes » et filiation : l’impossible conciliation er Un psychanalyste prend position à propos de la “filiation sans père”). De même pour l’IMG, supprimée par la commission de bioéthique du Sénat, ils craignent que notre société se dirige vers « une police de la pensée, contraire à notre liberté démocratique ».

 

Enfin, ils attirent l’attention sur l’extension du diagnostic pré-implantatoire (cf. Les sénateurs bâclent l’examen du projet de loi de bioéthique : entre désinvolture et transgressions) qui « ouvre la voie à une sélection accrue des enfants à naître, sélection que notre pays professe pourtant de refuser en souhaitant une société inclusive ». Ils dénoncent un « eugénisme libéral » laissé au bon vouloir de la « décision des parents potentiels ou du parent potentiel ». S’appuyant sur une tribune de parents d’enfants porteurs d’une maladie génétique (cf. Loi de bioéthique au Sénat : des parents refusent “d’être complices d’une humanité 2.0 fondée sur une norme génétique”), ils considèrent que « Vouloir l’enfant sans aucun variant génétique est non seulement une illusion, mais ce serait aussi ‘déshumaniser’ notre humanité ! » (cf. Bébé parfait, eugénisme, transhumanisme : l’enchainement ).

 

Les évêques considèrent que ces trois axes illustrent « la fuite en avant dans laquelle sont prises nos sociétés occidentales soumises au libéralisme et aux lois du marché » qui flatte « les désirs individuels », entretenant l’illusion d’une « apparente satisfaction que la conjonction des techniques médicales et juridiques semble promettre ».

 

CEF (13/01/2020)

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