« Chaque jour ouvrable, 13 personnes viennent nous voir » pour demander l’euthanasie, explique Steven Pleiter, le directeur du Centre d’expertise en euthanasie, la clinique des Pays-Bas spécialisée dans l’euthanasie située à La Haye. En 2019, la clinique, qui accueille les patients que leur médecin traitant refuse de conduire à la mort, a reçu 3122 demandes, soit 22% de plus que l’année précédente (cf. Euthanasie aux Pays-Bas : une augmentation de 15% de demandes adressées à la Clinique de fin de vie de la Haye). Après deux années stables, c’est le plus grand nombre démarches entreprises depuis sa création en 2012, et, en tout état de causes, « beaucoup plus que prévu ». « Environ 900 de ces demandes ont été acceptées », soit 29%, le même pourcentage qu’en 2018. En 2018, sur les 6126 personnes qui ont eu recours à l’euthanasie, « 12% ont été prises en charge par la clinique » et concernait essentiellement des personnes atteintes d’un cancer.
Quelles raisons à l’évolution de ces chiffres ? Le vieillissement de la population, la banalisation de la pratique mais aussi « une action en justice inédite contre un médecin pour l’euthanasie en 2016 d’une patiente atteinte d’Alzheimer » (cf. Pays-Bas : des pédiatres favorables à l’euthanasie des enfants de moins de 12 ans et Pays-Bas : l’affaire d’euthanasie portée devant la Cour suprême). Le médecin sera « acquitté de toute charge en 2019 », mais le procès aura contribué « à effrayer les médecins » confrontés à ce type de demandes.
Pour « s’adapter » à l’évolution, la clinique « a indiqué offrir des postes ‘pour des médecins, des psychiatres et du personnel infirmier’ ».
Les Pays-Bas ont été le premier pays, juste avant la Belgique, à légaliser l’euthanasie en 2002. La loi autorise l’euthanasie sous conditions strictes dès 12 ans et jusqu’à 16 ans avec « la permission de leurs parents ou responsables légaux ». Des parents qui « doivent être impliqués dans le processus pour les enfants jusqu’à 18 ans ». Deux médecins « au moins » sont chargés de « certifier qu’il n’y a pas d’autre solution raisonnable pour le patient et que sa souffrance est insupportable et sans aucun espoir d’amélioration ».
Pour aller plus loin :
Pays-Bas : des pédiatres favorables à l’euthanasie des enfants de moins de 12 ans
Pays-Bas : comparution d’un médecin accusé d’euthanasie abusive
AFP (07/02/2020) – Dutch news (07/02/2020)