Le Professeur René Frydman, a sollicité le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) pour autoriser la création par assistance médicale à la procréation de ” bébés-médicament “. Selon lui, “ à ce jour, six ou sept couples dont un enfant est très malade nous ont fait une demande de ce type. Techniquement, nous sommes tout à fait prêts à le faire “. De son côté, Jacques Montagut, médecin biologiste à Toulouse et spécialiste de le reproduction, s’interroge sur “ le devenir de ces enfants remèdes. Que se passera-t-il et quel poids portera-t-il si, malgré sa naissance, le traitement ne marche pas car la greffe de ces cellules ne promet pas une guérison dans 100 % des cas, et si malgré tout son frère ou sa sœur venait à décéder ? Quelle culpabilité en gardera-t-il toute sa vie ? “.
Les techniques de la FIV et du diagnostic pré-implantatoire (DPI) rendent possible de créer des embryons puis de sélectionner in vitro celui génétiquement compatible avec le frère ou la sœur atteinte d’une grave maladie. A la naissance de l’enfant ainsi sélectionné, les médecins prélèvent des cellules souches pour les greffer au frère ou à la sœur malade.
Le premier ” bébé-médicament ” est né aux Etats-Unis en octobre 2000 (cf. revue de presse du 05/10/00). La naissance d’Adam, conçu pour sauver sa sœur Molly, avait nécessité la conception de 15 embryons. A cette époque, les spécialistes français étaient restés réticents. Pour la première fois en Grande Bretagne, un couple vient d’avoir recours à cette technique (cf. revue de presse du 21/02/02).
René Frydman, en interpellant le CCNE sur ce sujet, relance le débat sur l’utilisation de l’embryon.
Rappelons que le procédé qui consiste à créer des embryons et à les sélectionner selon leur code génétique pose des problèmes éthiques très graves. Par ailleurs, il serait inquiétant de voir se généraliser la naissance d’enfants conçus comme instruments de guérison. Quelle place auront-ils dans leur famille ? (ndlr).
Le Parisien (Corinne Thébault) 25/02/02 – Libération (Julie Lasterade) 25/02/02