Autorisation de la recherche sur l’embryon: “progrès médical ou victoire des lobbys?”

Publié le 1 Sep, 2013

Suite à la validation de la loi autorisant la recherche sur l’embryon humain par le Conseil constitutionnel jeudi 1er août 2013 (Cf Synthèse de Presse Gènéthique du 2 août 2013) et sa publication au Journal Officiel mercredi 7 août 2013, le journal Le Monde recueille les réactions de Geneviève Fioraso, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et d’Arnold Munnich, Professeur à l’université Paris-Descartes et chef du département de génétique de l’hôpital Necker-Enfants malades.

 

Pour Geneviève Fioraso, la loi adoptée met fin “à une hypocrisie préjudiciable à la recherche de notre pays“. Elle explique : le caractère dérogatoire des recherches aurait “fragilisé les équipes“. C’est ainsi que nous serions passés “en dix ans de la 5ème à la 17ème place mondiale” s’agissant de la recherche sur l’embryon humain. Elle ajoute qu’entre la recherche sur les cellules souches embryonnaires et les cellules reprogrammées, “rien ne permet aujourd’hui de dire lesquelles seront les plus prometteuses” , ce qui justifierait l’adoption de la loi. Ainsi, Mme Fioraso “se félicite de la décision responsable prise par le Conseil constitionnel“, considérée comme “un signe très positif pour le progrès médical et scientifique.

 

En revanche, pour Arnold Munnich, la loi libéralisant la recherche sur l’embryon humain “n’apporte rien à la recherche mais constitue, par contre, une régression de taille dans notre niveau de conscience et de vigilance collective.” “Victoire idéologique à courte vue […] des associations militantes et des lobbys scientifiques“, cette loi constituerait “une faute contre l’esprit, car elle érige l’exception en règle générale.” Arnold Munnich rappelle en effet que la loi “garantit le respect de la vie depuis son commencement“. Or, explique-t-il, “on n’amende pas la loi universelle pour régler des problèmes particuliers, si importants soient-ils.” Il relève d’ailleurs que le régime d’interdiction avec dérogations “n’a pas bridé la recherche.” Il poursuit : en 2011, “nous avions le sentiment d’avoir trouvé un point d’équilibre respecteux de nos principes et n’entravant nullement le progrès médical. Hélas, ce fragile équilibre a été pulvérisé par la loi votée en juillet.” Pour Arnold Munnich, cette nouvelle loi “n’aura guère d’impact” sur les chercheurs, qui “peuvent déjà mener les recherches qu’ils souhaitent.” En revanche, elle “aura profondément et durablement blessé de nombreux Français, pour qui on ne joue pas avec le respect de la dignité de la vie.”
 

Lemonde.fr 08/08/2013

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