« A partir de quel seuil un organe est-il augmenté ou seulement réparé ? A partir de combien de prothèses doit-on considérer qu’un homme n’est plus tout à fait « naturel » ? » « Qu’en sera-t-il de nos identités ? Comment parviendrons-nous à maintenir le sens de notre humanité ? » Dans son livre, Au péril de l’humain, Jacques Testart, biologiste et le père scientifique du premier bébé-éprouvette, évoque les nouveaux enjeux du transhumanisme.
La création d’un homme nouveau, un « cyborg », composé à moitié de chair et à moitié de matériaux, libéré des contingences humaines, n’est plus une utopie. Les récentes et exponentielles découvertes sont là qui l’atteste : opérations de la rétine, greffes d’implants, embryons modifiés, transfusions de sang jeune, exosquelettes, etc.. Jacques Testart explique en quoi cette révolution, issue d’un programme idéologique planifié qui attire un important marché d’investisseurs de Google à Airbus, pourrait créer un fossé entre des sociétés dites « évoluées », composées d’êtres humains « améliorés » ultra-performants, dotés d’implants leur permettant de multiples progrès : mémoire, vue, sens accrus,… dont le génome aura été modifié, et les autres humains qui auront refusé ces technologies. Ces-derniers seraient à la merci des premiers, dans un monde où la faiblesse est honnie au lieu d’être protégée. A ce tableau dévastateur pourrait s’ajouter le risque de dégâts sanitaires lié à « l’impuissance croissante des antibiotiques » et « à l’apparition de nouveaux germes et parasites à cause des changements climatiques ». Sans concessions, l’auteur invite à un sursaut car « sauf sursaut résolu et immédiat de l’humanité, tout cela risque de finir par un désastre anthropologique ».