Les personnes ayant subi une transplantation d’organes sont contraints de prendre, toute leur vie durant, « des médicaments immunosuppresseurs qui les rendent particulièrement vulnérables aux infections (bactériennes, virales ou fongiques) ». Le risque est surtout important dans les douze mois après l’opération, « au moment où les doses d’immunosuppresseurs sont les plus importantes ». Pour les protéger, ces patients bénéficient d’une médecine préventive contre « certaines pathogènes opportunistes, comme le cytomégalovirus, le toxoplasme et le pneumocystis ».
Une étude, menée par un collectif de chercheurs suisses, sous la direction des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), de l’Université de Genève (UNIGE) et de l’Hôpital universitaire de Zurich en Suisse, montre cependant que, si les prophylaxies sont efficaces contre les pathogènes référencés, « 50% des patients ont présenté un ou plusieurs épisodes infectieux sévères avec d’autres pathogènes, avec des vulnérabilités très différentes selon le type d’organe transplanté ».
Dans les semaines qui suivent l’opération, les patients les plus à risque sont ceux qui ont reçu « un cœur ou des poumons ». Les greffés du poumon restant durablement « vulnérables aux infections », au contraire des greffés du rein, peu exposés. Ces infections, pour 60% d’entre elles sont d’origine bactérienne, « en général causées par des entérobactéries, des bactéries intestinales ayant tendance à développer une résistance aux antibiotiques ». La plupart « touchent l’organe transplanté lui-même ».
Ces travaux, menés sur une cohorte de près de 3000 personnes de 2008 à 2014, ont concerné la quasi-totalité des patients transplantés de Suisse. Ils ont permis « d’établir une sorte de guide à l’attention des médecins », expliquent les chercheurs qui notent cependant que « la prévention des infections chez les personnes transplantées représente un défi majeur en regard de l’augmentation mondiale de la résistance aux antibiotiques et plaide pour une amélioration des techniques opératoires et le développement de nouvelles thérapies moins enclines à favoriser l’apparition de bactéries multi-résistantes ».
UNiversité de Genève – CP (09/01/2020)