Le patient avait reçu une greffe de visage il y a six ans. En novembre, « la gravité du rejet » chronique, les plages de nécrose, obligent les médecins à la lui retirer, son pronostic vital étant engagé. Depuis, l’homme était « hospitalisé en réanimation » et « inscrit sur liste d’attente » en attendant « un nouveau greffon issu d’un donneur décédé ». Il est donc resté « un mois et demi sans visage ».
Le 15 janvier, au terme d’une opération pratiquée à l’Hôpital Européen Georges Pompidou, par une équipe dirigée par le professeur Lantieri, spécialiste de ces interventions qui s’est achevé en début de matinée le lendemain, il était greffé d’un second visage.
Pour l’Agence de la biomédecine, « cette greffe démontre pour la première fois dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main) qu’en cas de rejet chronique une retransplantation est possible ». Cependant, l’Agence émet des réserves : « Cette greffe est soumise à des contraintes immunologiques sévères et seul le suivi à plusieurs semaines confirmera la viabilité du greffon ».
Le professeur Olivier Bastien de l’Agence de la biomédecine souligne que « la possibilité de rejet, qui existe pour toutes les greffes » est a priori plus importante pour celles concernant le visage et les mains[1]. Comme pour toutes les greffes, les patients sont soumis à des traitements à vie pour diminuer les défenses de l’organisme, éviter un rejet chronique, qui demeure cependant possible, et pallier « la destruction de l’organe greffé ».
Aussi, pour prévenir les risques, le Professeur Lanteri a expliqué qu’il était nécessaire que le sang du patient soit quotidiennement nettoyé afin d’enlever les anti-corps existants qui ont été développés à partir de la première greffe. En réanimation, le patient traverse donc une phase critique, la viabilité de sa nouvelle face ne sera assurée que d’ici un mois.
Depuis 2005, moins de 40 greffes de visage ont été pratiquées dans le monde.
Le Figaro, Afp (19/01/2018) ; Communiqué de presse de l’Agende de la Biomédecine (19/01/2018)
Allo docteur (22/01/2018)