Dans un ouvrage paru aux éditions Tallandier[1], Paul Sugy dénonce l’antispécisme, ce courant d’idées qui « par analogie avec le racisme », s’oppose au fait de « considérer que l’appartenance à une espèce constitue un critère moral pertinent pour justifier des discriminations ». Ainsi, pour les antispécistes, « il ne faudrait pas dire “les animaux” mais “les animaux non humains“, puisque l’homme serait un animal… comme un autre ».
Mais « si l’on admet avec les antispécistes qu’il n’y a pas de supériorité morale de l’homme », « alors toutes nos autres convictions sont menacées et cela revient en fin de compte à renoncer à ce qu’il y a de plus précieux dans notre humanité » prévient Paul Sugy. Ainsi, le philosophe australien Peter Singer, « horrifié par l’utilisation d’animaux sensibles pour mener à bien certaines expériences scientifiques », « n’hésite pas à juger parfois plus éthique de mener de telles expérimentations sur des êtres humains adultes handicapés ».
Antispécisme et écologie : l’opposition
Récemment, des antispécistes se sont opposés à un projet municipal de collecte de déchets à l’aide de charrettes tirées par des percherons, dénonçant de la « maltraitance ». Bien que « l’utilisation d’un cheval permet de réduire le bilan carbone de 35% par rapport à un véhicule à moteur thermique ».
« Si l’on suit leur idéologie jusqu’au bout, la notion même de nature leur est intolérable, décrypte le politologue et spécialiste de l’histoire de l’alimentation Paul Ariès, tout comme l’existence d’animaux carnivores qui, en tuant leurs proies pour se nourrir, provoquent de la souffrance animale et remettent en cause leur dogme. Au point de donner à manger des produits industriels issus de végétaux à des chats ou des chiens, ou, comme on peut le lire dans les Cahiers Antispécistes, de s’interroger sur la nécessité ou non “d’éliminer progressivement les lions d’Afrique pour sauver la vie des gazelles”».
Ainsi, en recherchant « une amélioration radicale des conditions d’existence de tous les vivants sur Terre », le projet antispéciste est caractérisé par « quelque chose de proprement démiurgique ».
[1] L’Extinction de l’homme, mai 2021
Sources : Le Figaro, Alexandre Devecchio (07/05/2021), Cyril Hofstein (07/05/2021) – Photo : Pixabay