Dans une tribune publiée dans le journal le Figaro, Annie Genevard, députée du Doubs et vice-présidente de l’Assemblée nationale, s’interroge : « Et si Emmanuel Macron était un adepte de la négation du réel ? ». Rappelant Georges Orwell dans 1984 « Commencez par dénaturer le mot, supprimez-le et la chose disparaîtra », Annie Genevard fait le parallèle avec les propos du président de la République qui a affirmé récemment qu’ « un père n’est pas forcément un mâle ». Il répondait alors à Pascale Morinière, présidente des Associations Familiales Catholiques, qui « s’étonnait du paradoxe consistant à célébrer les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant en faisant voter, ″en même temps″, une loi de bioéthique dont la mesure phare – l’extension de la PMA aux couples de femmes – privera irrémédiablement l’enfant du droit élémentaire d’avoir un père et une branche paternelle à son arbre généalogique ».
Accusant Emmanuel Macron « de congédier le réel, de s’affranchir de la réalité », la députée insiste sur « l’absurdité du propos ». « Un père peut être une femme ». « Négation du réel » que traverse la loi de bioéthique et « qui inquiète tant, et à juste titre, Pascale Morinière, Sylviane Agacinski, Jacques Testart, José Bové, de nombreux autres intellectuels de droite et de gauche, deux mille médecins signataires d’un manifeste et les centaines de milliers de Français qui défilent périodiquement et pacifiquement ». Ainsi, « l’enfant né par PMA dans un couple de femmes ne sera pas privé de son père : simplement, son père sera une femme ». Annie Genevard renchérit « si la mère n’est pas celle qui accouche, rien de très étonnant à ce que le père puisse être une femme ». Une logique non désavouée par Coralie Dubost, députée de l’Hérault et rapporteur du projet de loi, qui avait affirmé : « Je ne crois pas que ce soit l’intérêt de l’enfant qui pilote le mode d’établissement d’une filiation ».
Et Annie Genevard d’interpeller « face à cette tentative de manipulation des esprits » : « Oui, il est dans l’intérêt de l’enfant d’avoir un père, et une loi qui entend l’en priver délibérément est inique. Oui, un père est nécessairement un homme, comme une mère est nécessairement une femme, et une loi qui supposerait d’affirmer le contraire pour être comprise serait une loi absurde. Oui, la femme doit pouvoir établir sa maternité à l’égard de l’enfant qu’elle a mis au monde par le seul fait, naturel, de l’accouchement sans avoir à accomplir une quelconque autre formalité, et une loi qui affirmerait le contraire serait une loi régressive. »
Pour aller plus loin :
Parenté d’intention : « une révolution à 180 degrés » pour Dominique Folscheid
L’intérêt supérieur des enfants vu depuis les instances internationales
Le Figaro, Annie Genevard (03/02/2020)