Le Premier ministre François Bayrou a indiqué ce mardi vouloir aborder « séparément » le sujet de l’« aide à mourir » et celui des soins palliatifs [1]. La première relève d’« une question de conscience » alors que les soins palliatifs sont « un devoir de la société à l’égard de ceux qui traversent cette épreuve », explique son entourage.
La semaine dernière, lors de son discours de politique générale, il avait indiqué vouloir laisser le sujet au « pouvoir d’initiative » du Parlement (cf. Fin de vie : François Bayrou laisse le champ libre aux députés). Cette annonce serait-elle une tentative de ne mécontenter personne ?
Séparer la mort administrée du soin des personnes en fin de vie, « c’est quelque chose que l’on demandait depuis le début », rappelle le Dr Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) (cf. Claire Fourcade : « Je suis médecin, la mort n’est pas mon métier »). Les soignants commenceraient-ils enfin à être entendus ? (cf. Fin de vie : un processus construit pour aboutir à légaliser l’euthanasie ?)
Le député Olivier Falorni voudrait, avec les militants de l’euthanasie, présenter les deux pratiques comme « complémentaires ». La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a indiqué être opposée à cette « scission ». Mais le Dr Fourcade rappelle clairement les choses : « Les soins palliatifs se sont construits en réaction aux pratiques euthanasiques. Les premiers relèvent du soin, les secondes le contredisent. Le palliatif fait consensus, l’euthanasie clive. » « Pourquoi nous rendre otage d’un débat qui empêche d’améliorer les soins ? », interroge le médecin qui qualifie de « bon sens » le fait de proposer deux textes distincts.
Les deux sujets devraient être examinés dans la « même temporalité parlementaire », indique l’entourage de François Bayrou. Un calendrier qui reste encore à préciser.
Complément du 22/01/2025 : Mercredi, Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a indiqué vouloir « rassurer les associations » : l’Exécutif n’a pas l’intention d’abandonner le texte relatif à l’« aide à mourir » et son examen par les députés sera programmé « le plus vite possible », a-t-elle assuré à l’issue du Conseil des ministres [2].
« Quand vous devez en même temps répondre à la question sur l’accès de chacun aux soins palliatifs et sur l’aide active à mourir, vous n’avez pas de liberté sur aucun des deux choix, puisque l’un engage l’autre », a justifié la porte-parole pour expliquer l’intention du Premier ministre de scinder le texte en deux. Le chef du gouvernement est « très attaché à cette liberté parlementaire de pouvoir avoir une réponse à chacun de ces sujets », a-t-elle indiqué.
[1] AFP (22/01/2025)
[2] AFP (21/01/2025)