La ministre chargée de l’Autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecoq, a réclamé que le « droit à l’aide à mourir » soit « accessible à toute personne en situation de handicap », « comme le prévoit la Convention des droits des personnes en situation de handicap des Nations unies ». Un mensonge dénoncé par Lucile Strauch-Hausser, présidente du collectif « Un gros risque en plus », dans une tribune pour le JDD (cf. « Un gros risque en plus » : exclure les personnes handicapées du dispositif légal de mort administrée est « une urgence absolue »).
En effet, ladite Convention ne comporte aucun « droit à l’euthanasie » mais oblige au contraire les Etats à prendre « toutes les mesures nécessaires pour protéger le droit à la vie des personnes handicapées » (article 10). L’article 16 est encore plus précis puisqu’il impose leur protection « contre toute forme d’abus », « y compris dans les pratiques médicales ». Enfin, le 17e article de la Convention rappelle le « droit au respect de leur intégrité physique et mentale ».
Un système qui « présente la mort comme une réponse légitime à la souffrance »
Par ailleurs, l’ONU s’est exprimée en mars dernier dans le cadre de la surveillance de l’application de cette convention. Elle a alors condamné les politiques permettant l’euthanasie ou le suicide assisté aux personnes handicapées. Ainsi, les experts ont fait part de leur « extrême préoccupation » vis-à-vis du Canada car le handicap y rend éligible à l’« aide à mourir » (cf. Canada : l’ONU appelle à interdire l’euthanasie des personnes handicapées). Ils ont dénoncé les « perceptions négatives et capacitistes de la qualité et de la valeur de la vie des personnes handicapées » (cf. Fin de vie : « Le Canada a fait des personnes handicapées une catégorie de personnes pouvant être tuées »).
Au-delà, c’est tout un système qui est pointé du doigt : celui qui « présente la mort comme une réponse légitime à la souffrance », tout en fermant les yeux sur « les défaillances systémiques qui rendent cette souffrance insupportable » (manque de soins, pauvreté, isolement …) (cf. Canada : le groupe à l’origine de la dépénalisation de l’« aide à mourir » désormais inquiet). Sans oublier les « pressions sociales et institutionnelles » que ne manquent pas de subir les personnes handicapées.
« Nos proches handicapés porteurs d’une déficience intellectuelle finiront tôt ou tard par en être les victimes »
Ainsi, l’euthanasie est une menace pour les personnes porteuses de handicap, et notamment celles souffrant d’une déficience intellectuelle, alerte Lucile Strauch-Hausser. Et conditionner son accès à un choix « libre et éclairé » relève de l’« utopie » car il est subjectif et sujet à interprétation, avec un risque d’abus et d’emprise « accru chez les personnes avec une déficience intellectuelle ».
« Nos proches handicapés porteurs d’une déficience intellectuelle finiront tôt ou tard par en être les victimes », alerte la présidente du collectif qui a tenu à dénoncer les propos la ministre : « Nous ne tolérons pas que ces faits soient dissimulés par un mensonge, tout officiel qu’il soit. ».
Source : Le JDD, Lucile Strauch-Hausser (19/15/2025) – Photo : iStock