Agnès Thill, députée, réagit au rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique

Publié le 18 Jan, 2019

Lors du vote sur le rapport de la mission parlementaire sur la révision de la loi de bioéthique (cf. Rapport de la mission d’information parlementaire sur la bioéthique : sur les rails de la déshumanisation ?), sur la vingtaine de députés formant la mission, seul 4 d’entre eux se sont prononcés contre, un s’est abstenu. Le président Xavier Breton, député LR de l’Ain, qui devrait donner sa propre contribution la semaine prochaine, n’a pas voté ce rapport. Parmi les 4 députés qui ont manifestés leur opposition, Agnès Thill, député LREM,  a rapidement fait œuvre de courage en produisant une « contribution individuelle au rapport ».

 

Dans cette contribution, elle déplore que les conclusions ne soit pas le reflet des 90 heures d’auditions qui, comme l’expliquait Xavier Breton lors de la présentation du rapport, ont été menées, compte tenu des délais très courts, à « rythme forcé »  : « Je ne mentirai pas en affirmant que nos experts, juristes, scientifiques, francs-maçons, associations, philosophes, biologistes, médecins, spécialistes, etc, leurs arguments à l’appui, étaient divisés 50/50 sur les sujets qui nous préoccupent. C’est ce retour-là que j’imaginais transmis aux collègues, afin que tous ceux qui n’avaient pas pu assister aux auditions puissent en avoir connaissance », explique la député. Elle regrette  que le rapport soit, « orienté dans un seul sens » et qu’il ne reflète pas « le contenu de nos auditions ». Sur les propositions même constat : « Celles-ci n’appartiennent qu’à un seul courant de pensée ».

 

Sur le fond, elle prend position sur le droit de la filiation rejoignant « l’avis de nos experts juristes qui nous demandaient de ne point y toucher », car elle estime que « le parent d’intention permet la multiplication des parents, le mot parent n’a alors plus aucun sens ». Elle dénonce de même l’autoconservation ovocytaire, source possible d’abus, ou la procréation post mortem. Elle se veut opposée à la GPA, à la manipulation du génome, à la sélection et à l’eugénisme.

 

A ceux qui estiment qu’il faut légiférer parce que les pays qui nous entourent le font, elle répond qu’à « ne pas savoir dire Non, parce que les autres le font, nous sommes responsables du mur qu’élèveront certains pour retrouver notre liberté », ajoutant que « nous portons une grave responsabilité politique dans notre incapacité à nous instaurer des limites ».

 

Si le consentement est érigé comme ultime légitimation, elle réponse qu’il « ne justifie pas l’acte » et demande : « L’enfant est-il consentant pour ne pas avoir de père ? ».

 

Chaque question est abordée avec son lot de remise en question. Sur le stocks de gamètes disponibles, elle dénonce le « risque de marchandisation », l’achat de gamètes pour soutenir la demande devenant inévitable. Sur la prise en charge de ces techniques, Agnès Thill considère qu’elle est « une validation officielle pour un comportement privé » qui imposera « de redéfinir le sens de la Sécurité Sociale » quand certains soins de santé, dentaires par exemple, sont, quant à eux, non remboursés, « considérés comme du confort ».

 

Sur la PMA pour toutes, elle s’interroge : « Puisqu’il n’y a pas d’évolution scientifique en matière de PMA, on peut se demander quelle est sa place dans la révision de la loi relative à la bioéthique qui prend en compte les évolutions scientifiques ». Quant à la « souffrance due à une absence d’enfant », elle rappelle que « l’enfant n’est pas un médicament » . L’égalité des « droits » entre hétérosexuels et homosexuels souvent invoquée conduira, pour la député, « à une inégalité des droits des enfants ». L’accès à l’enfant donné par la technique validant de fait « un droit à l’enfant, déguisé (…) à peine feint ».

 

Sur la PMA pour les femmes seules elle souligne le paradoxe. Le mouvement des gilets jaunes fait apparaitre que ces femmes « ne s’en sortent pas seules avec enfant, et nous multiplierions les femmes seules en acceptant qu’elles aient accès à la PMA ? ». Elle rappelle « que nos familles monoparentales présentent des difficultés, ne serait-ce que de simples disponibilités (…) Est-ce un progrès de créer des femmes seules avec enfants ? Ce n’est pas un progrès, c’est une régression ».

 

Longuement, la député revient sur l’éviction des pères et rappelle qu’ « aucun référent masculin ne remplace un père ». Elle demande : « Où est la dignité de l’homme quand il est réduit à ses gamètes ? Où est la dignité de la femme quand elle est réduite à son orientation sexuelle ? Et qu’en est-il de la dignité de la procréation quand elle est réduite à une technique ? »

 

Autant de remarques marquées au coin du bon sens et sur lesquelles Agnès Thill ne semble pas décidée à tergiverser. Fort heureusement.

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