Suite à l’affaire Debaine, le journal La Croix, publie le courrier de Jean-Pierre Lefebvre, père de quatre enfants, dont une fille de 33 ans et un fils de 25 ans atteints tous deux d’un handicap mental d’origine inconnue.
"Bouleversé par la souffrance de cette mère qui l’a conduite à ce geste", Jean-Pierre Lefebvre ne "peut pourtant accepter la décision d’acquittement de la cour d’assises de Pontoise. Ce jugement ne peut être interprété autrement que comme l’affirmation que donner la mort à une personne handicapée n’est pas un acte grave".
Jean-Pierre Lefevbre s’interroge : "on pourrait donc donner la mort à un handicapé mental et en être rendu quitte, sans avoir à en rendre compte ? Pourquoi ? Ne serait-ce pas parce que l’on dénie à cet handicapé la dignité de la personne ? Tout mon être se révolte contre une telle conception. Mes enfants handicapés éprouvent tous deux une souffrance d’autant plus lourde qu’ils ne peuvent que très mal la formuler (…)".
"J‘aurais trouvé infiniment plus juste que le tribunal prononce une peine de principe, qui maintiendrait à la fois l’interdiction de l’acte, au nom de l’éthique et la compréhension à la personne de son auteur, au nom de la compassion. L’acquittement s’inscrit au contraire dans le droit fil de la culture de mort qui se répand dans notre société."
Sans omettre la souffrance d’avoir un enfant handicapé et les "moments trop souvent insupportables" pour la famille, il témoigne "avec force" que "chacun de nous a sa place dans notre famille, que chacun y apporte sa part de bonheur et de paix, que chacun reçoit de tous les autres la force et le courage indispensable pour continuer sa route".
Rappelons que Lydie Debaine, 62 ans, qui a reconnu avoir tué sa fille unique, handicapée motrice cérébrale de 26 ans, a été acquittée le 9 avril par la cour d’assises du Val-d’Oise. Elle était accusée d’avoir donné plusieurs cachets d’anxiolytiques à sa fille avant de la plonger dans une baignoire pour la noyer (cf. Synthèse de presse du 10/04/08). Le procureur général de la cour d’appel de Versailles, Jean-Amédée Lathoud, a fait appel de la décision de la cour d’assises du Val d’Oise
La Croix 21/05/08