Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines et vice-président du Forum des républicains sociaux, revient sur le Téléthon et l’usage qu’il fait de ses dons.
Même si personne ne doute de la bonne volonté et de la générosité de tous ceux qui se mobilisent à cette occasion et du devoir impérieux de guérir ces maladies, il est pour autant nécessaire de poser certaines questions, “non pas sur ses [le Téléthon, NDLR] intentions, mais sur les moyens qu’il demande et qu’il met en œuvre pour les réaliser“.
“Quelle recherche s’agit-il de servir ? Celle qui veut éradiquer les causes de ces maladies et trouver les moyens d’en guérir, ou celle qui contribue à permettre la disparition des enfants qui en sont atteints avant leur naissance ?” Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la recherche en tant que telle mais bien de s’interroger sur sa destination.
Pour Jean-Frédéric Poisson, deux exigences peuvent être formulées aux responsables du Téléthon. La première réside dans le fléchage des dons ; “c’est une obligation morale, qui réclame beaucoup plus que le silence méprisant dont elle a fait l’objet jusqu’à ce jour“. La seconde réside dans l’engagement de ces mêmes responsables à “ne pas utiliser les dons recueillis pour des techniques visant à sélectionner les enfants atteints de maladies génétiques avant leur naissance“. Derrière, c’est le “regard de notre société toute entière sur la réalité du handicap qui est en jeu, et notre capacité à accueillir pleinement ceux d’entre nous que le sort a affaiblis“, rappelle-t-il.
D‘après lui, le débat suscité par le Téléthon est à l’image des grandes questions bioéthiques, notamment la recherche sur les cellules souches. “Il y a encore quelques jours, une part non négligeable de la communauté scientifique expliquait à qui voulait l’entendre que seule l’utilisation des cellules embryonnaires permettrait de guérir un certain nombre de maladies, et se cachait à peine de considérer comme des “charlots” tous ceux qui osaient critiquer cette vision exclusive, et non éthique, de la recherche sur les cellules souches. On sait depuis quelques jours (…) que non seulement les cellules embryonnaires ne donneront pas les résultats escomptés, mais qu’on est capable de “faire autrement”.”
Nul doute que la découverte révolutionnaire de Shinya Yamanaka (cf.
Synthèse du 21/11/07) “
s’imposera sans partage“, écrit Jean-Frédéric Poisson. Et ce, malgré la résistance que certains continueront d’opposer, défendant encore les recherches qui utilisent l’embryon comme matériau.
“Au-delà de la condamnation éthique que mérite cette technique, son éventuel maintien dans nos politiques publiques poserait à nouveau cette lancinante question : à qui sert la science qui n’est pas respectueuse de l’homme ? A quoi sert la recherche qui se sert de quelques êtres humains pour tenter d’en guérir d’autres ? A quoi sert la science qui ne cherche à faire disparaître les pathologies qu’en améliorant les techniques de dépistage et de suppression de ceux qui en sont atteints ?“