Dans le journal Libération, Monique Canto-Sperber, philosophe, directeur de recherche au CNRS et membre du Comité consultatif nation d’éthique ainsi que René Frydman, chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Beclère de Clamart se félicitent de l’extension du diagnostic préimplantatoire (DPI) adopté la semaine dernière à l’Assemblée Nationale.
Ils qualifient cette technique de "médecine de l’évitement" qui ne traite pas la maladie génétique mais permet d’éviter qu’elle ne survienne. Ils rappellent que 2 groupes de malades sont concernés : ceux porteurs d’une maladie monogéniques (qui résulte de l’altération d’un gène porté sur un chromosome) et ceux porteurs de maladies chromosomiques (consécutives à une altération de structure des chromosomes) .
Le DPI (qui consiste à réimplanter seulement l’embryon sain ou dans le cas des bébés médicaments l’embryon compatible et à détruire les autres embryons) est pratiqué depuis 1999 et c’est en 2000 que sont nés les premiers enfants issus de cette technique.
Les 2 experts rappellent les principales objections soulevées par cette question qui reposent "sur la réticence devant l’idée que l’on puisse choisir des embryons à réimplanter et sur la crainte de l’eugénisme". Sur cette dernière objection, ils estiment que la dérive eugénique peut être contrôlée.
Revenant sur la question du bébé médicament, ils exposent les raisons qu’ils ont de se réjouir. Ils expliquent d’abord qu’une telle extension du DPI ne représente aucun risque d’eugénisme. A ceux qui parlent de sélection des personnes, ils rappellent que cela existe déjà dans la procréation in vitro et que "d’autre part, le choix est ici fondé sur ce seul trait de l’embryon qui assure sa compatibilité immunologique avec une autre personne".
Quant au risque d’instrumentalisation de l’enfant à naître, ils ne nient pas le problème mais ajoutent "il ne faut ignorer qu’un encadrement strict peut y remédier".
Pour conclure, ils estiment que l’extension du DPI est "une bonne chose dans la mesure où elle est un moindre mal, à pondérer avec le bénéfice qui en est attendu : sauver la vie d’un enfant malade". Pour eux "autoriser et encadrer les pratiques est un pari dans la capacité humaine à définir des limites infranchissables".
La Croix 17/12/03