A 61 ans, une américaine donne naissance à sa petite-fille

Publié le 2 Avr, 2019

Le 25 mars dernier, au Nebraska, une Américaine de 61 ans a donné naissance à sa petite-fille. « Si tu veux que je sois ta mère porteuse, je le ferai sans hésiter », avait dit Cécile Eledge à son fils Matthew.

 

La petite Uma Louise est née de Cécile il y a quelques jours ; elle est issue de la fécondation d’un ovocyte fourni par la sœur d’Elliot, l’époux de Matthiew, et des gamètes de ce dernier. Le couple a refusé de faire appel à des inconnus : « Pour nous, le fait de pouvoir contrôler ce qu’il se passait était important. On a pu vivre cette grossesse à notre manière », a expliqué le père biologique. 

 

Porter l’enfant de son fils ? « Il n’y a eu aucun moment d’hésitation. C’était un instinct naturel  », a déclaré Cecile Eledge à KETV-News. Cette situation est pourtant loin d’être naturelle…

 

D’un point de vue juridique, d’une part, la filiation de l’enfant reste problématique. Matthieu et sa mère doivent être ainsi considérés comme père et mère, ce qui équivaut à une relation incestueuse. «Cela semble vraiment effrayant pour nous », a avoué Matthew. Il envisagerait que son nom et celui d’Elliot apparaissent en tant que Parent 1 et Parent 2. Et pour se rapprocher de la réalité biologique, Léa, la donneuse d’ovocyte, pourrait être ajoutée en tant que Parent 3 et Cécile en tant que Parent 4. Mais avoir quatre parents légaux est aussi effrayant. D’autant que si cet aménagement peut convenir au couple, qu’en sera-t-il pour l’enfant ?

 

Parallèlement, « tomber enceinte nécessite des hormones sexuelles qui fonctionnent », a expliqué le docteur Louis-Dominique Van Egroo, gynécologue médical. Cecile Eledge « était ménopausée depuis 10 ans ». Aussi, poursuit le médecin, « pour qu’une femme ménopausée puisse recevoir un ovocyte fécondé, il faut préparer l’utérus de manière artificielle avec des hormones afin d’éviter une fausse couche ». Enfin, comme c’est le cas dans toute grossesse tardive, la mère porteuse a pris des risques considérables, pour elle comme pour l’enfant. Pour elle : des complications durant la grossesse et lors de l’accouchement, comme des problèmes cardio-vasculaires, l’obligation de procéder à une césarienne ou encore le risque d’hémorragie post-partum.

 

« Les problèmes potentiels concernent surtout la femme, mais les effets secondaires d’un problème cardio-vasculaire auront un impact certain chez l’enfant », a expliqué le professeur Bernard Hédon, gynécologue obstétricien et président sortant du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). « À cela s’ajoute la possibilité d’un retard de croissance intra-utérin qui peut être lié à une mauvaise circulation placentaire puisque la qualité du placenta se détériore, a expliqué le docteur Van Egroo. Cela peut entraîner un petit poids ou un gros poids à la naissance mais aussi des complications ou des maladies. La vie in utero d’un fœtus programme pour beaucoup la vie et la santé futures de l’individu. »

 

Malgré son âge et après une série d’examens, les médecins du centre de l’Université du Nebraska ont cependant donné leur accord à Cecile Eledge. Cette gestation pour autrui (GPA) aura couté 40 000 dollars, soit 35 700 euros. 

 

Ouest France (01/04/19) – Aux États-Unis, une grand-mère de 61 ans donne naissance à sa petite-fille ; Mercatornet, Michael Cook (01/04/19) ; Le Figaro (01/04/19) ; Valeurs Actuelles (02/04/19) – GPA : à 61 ans, une femme accouche de… sa petite-fille ; Le Parisien, Valentine Watrin (2/04/19)

 

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