« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. » Le 26 novembre 1974, Simone Veil, alors ministre de la Santé, prononçait son discours inaugural pour ouvrir les débats qui allaient aboutir à dépénaliser l’avortement dans le droit français.
Cinquante ans après, elle est célébrée. Une exposition est inaugurée ce mardi dans les locaux du Palais Bourbon par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. Le garde des Sceaux Didier Migaud doit aussi prendre la parole.
Cinquante ans après le discours de Simone Veil qui affirmait que l’avortement est « toujours un drame » et « restera toujours un drame », la Constitution française dispose désormais que « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?). Car d’extensions en élargissements, l’avortement est devenu un totem, « une évidence morale que tous doivent admettre », relève la philosophe Chantal Delsol [1], (cf. De la loi “Veil” à la loi “Gaillot”). En 2023, 243 623 IVG ont été enregistrées en France, un chiffre une fois de plus en hausse (cf. France : 243 623 avortements en 2023, un chiffre encore en hausse). Et les femmes en difficulté face à une grossesse qu’elles n’attendaient pas sont systématiquement orientées vers l’avortement. Mais est-ce toujours leur « choix » ? (cf. IVG : une femme témoigne « ce n’était pas “mon choix”, mais “ma peur”»)
Il y a 50 ans Simone Veil affirmait que « l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ». Si le projet de loi « admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme », assurait-elle. Cette femme aujourd’hui célébrée dans un concert médiatique unanime, devrait-elle être accusée de « délit d’entrave » par ceux-là mêmes qui la louent ? (cf. Délit d’entrave à l’IVG : l’Assemblée nationale censure la liberté d’expression) L’hommage pourrait avoir le goût de la trahison.
[1] Le Figaro, Chantal Delsol : «Le ministère de la Famille, énième victime du magistère moral de la gauche» (22/09/2024)