2 tribunes sur l’euthanasie

Publié le 13 Fév, 2014

 Ce jeudi, le Conseil d’Etat doit rendre sa décision sur le cas de Vincent Lambert, la Belgique voter sa loi sur l’euthanasie des mineurs (Synthèse Gènéthique du 13 février 2014), et le Sénat discuter d’une proposition de loi des écologistes sur l’assistance médicalisée pour une fin de vie digne. Le Figaro publie ce jour-même 2 tribunes de personnalités scientifiques et politiques qui s’expriment sur ce sujet.

 

Le Pr. Emmanuel Sapin publie une tribune intitulée “Normaliser la vie sur des critères techniques et sur la performance ?” dans laquelle il distingue trois attitudes possibles face à la question de la fin de vie des nouveau-nés prématurés. En l’absence de perspectives thérapeutiques, une option est l’arrêt de la réanimation, correspondant à l’arrêt des artifices pour laisser évoluer la nature. Une autre est de décider l’arrêt de vie en raison de handicaps futurs escomptés, ce qui correspond à une euthanasie. Enfin, la “réanimation d’attente” dans les cas de très grande prématurité, ce qui met en suspension la décision. Pour le Pr. Sapin, la question délicate est celle du “choix d’arrêter les traitements qui pourraient sauver la vie de l’enfant, au prix d’handicaps lourds. La réponse donnée dépend de l’appréciation du seuil de handicap jugé supportable et celui qui ne l’est pas, avec la notion de qualité de vie, qui est un jugement bien difficile”. Et de poursuivre la réflexion : “Quel regard va-t-elle [la société] porter sur la personne handicapée si la crainte du handicap conduit à supprimer la personne atteinte ?”. Pour lui, “il est grandement à craindre qu’une légalisation de l’arrêt de vie volontaire en période néonatale conduira à une normalisation des attitudes sur des critères techniques et fera perdre la dimension personnelle du patient […] elle conduira inéluctablement à une augmentation du nombre des actes d’arrêt de vie, supprimant une vie humaine et l’espoir de progrès médicaux”.
 

 

Thibault Mercuzot, consultant, et Nicolas Dhuicq, député UMP, publient ensemble leur tribune “Les conséquences incalculables de l’autorisation du suicide assisté”.  Ils montrent que le suicide assisté est une euthanasie (en Suisse, l’euthanasie n’est reconnue que sous la forme du suicide assisté) et qu’elle est “légitimée par le corps médical”. Ils s’en réfèrent à l’œuvre du sociologue Durkheim, Le Suicide, pour établir qu’il y a deux formes de suicide : le suicide égoïste, qui s’explique par un manque de présence des proches, et le suicide altruiste, qui s’explique par la volonté de ne pas être un fardeau pour son entourage, c’est un sacrifice. Ils demandent à considérer autrement la dignité de la personne humaine. Contrairement aux idées reçues, l’euthanasie “n’est pas une mort douce”

Le Figaro (Pr. Emmanuel Sapin, Thibault Mercuzot et Nicolas Dhuicq) 13/02/2014 – La Croix (Olivier Abel et Didier Sicard, Mrg Jacques Turck) 13/02/2014

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