L’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (Emea) s’est, en juin dernier, déclarée favorable à la commercialisation du premier médicament transgénique. Le 2 août, la Commission de Bruxelles a confirmé cette position.
L’ATryn, qui contient une protéine anticoagulante provenant de lait de chèvres génétiquement modifiées, devrait être commercialisé début 2007. Il est destiné aux personnes atteintes d’un déficit héréditaire d’antithrombine, protéine anticoagulante (1 personne sur 5 000) et ce, dans des circonstances bien définies.
La lignée de chèvres productrices du lait contenant de l’antithrombine a été obtenue en transférant le gène humain producteur de la protéine dans des embryons de chèvre. Puis, ces embryons ont été implantés chez des femelles en gestation. Ces manipulations très coûteuses, ont aussi un taux de réussite inférieur à celui du clonage. Parmi les chèvres issues de ces manipulations, la plus performante a ensuite été sélectionnée pour produire une lignée qui génère naturellement de l’antithrombine. Mais l’antithrombine produite par les chèvres génétiquement modifiées n’a pas la même configuration que la protéine humaine naturelle. Outre son efficacité diminuée par son élimination plus rapide par l’organisme et les imprévisibles réactions du système immunitaire, l’on redoute la transmission d’un agent infectieux comme le prion pour les bovins.
L’Emea avait, en février 2006, refusé l’autorisation de mise sur le marché de l’ATryn au motif que trop peu d’essais avaientt été effectués sur les patients. L’Emea recommande donc aujourd’hui de surveiller les personnes qui prendront ce traitement.
Pour Le Figaro, cette décision « apparaît comme une forme de soutien à ce type de recherche ».
Le Figaro (Yves Miserey) 11/10/06